Vincent Rodin.
Modélisation multi-agents et aide à la compréhension
de phénomènes physiologiques.
10ème Atelier thématique de l'axe Vectorisation &
Radiothérapie du Cancéropôle Grand Ouest.
Modélisation multiparamétrique en cancérologie:
de l'atome au patient, pages 12-13,
Nantes (France), 12 juin 2015.
Résumé:
La recherche en biologie utilise depuis fort longtemps l'expérimentation
in vivo et in vitro. Plus récemment, l'expérimentation in silico
a fait son apparition. Il est ainsi possible de modéliser et de simuler
sur ordinateur un certain nombre de phénomènes biologiques.
Depuis peu, la possibilité d'interagir avec une simulation en cours
d'exécution a ouvert la voie à un nouveau type
d'expérimentation : l'expérimentation in virtuo. Nous sommes
alors très proches des conditions expérimentales des approches
in vivo et in vitro où le biologiste peut, par exemple, introduire de
nouvelles molécules, modifier une concentration, ajouter ou
détruire des cellules.
Dans nos travaux, nous utilisons l'approche multi-agents afin de
développer un véritable laboratoire d'expérimentation
in virtuo en biologie. Rappelons qu'un système multi-agents est
composé d'agents autonomes qui évoluent toujours selon un cycle
à trois temps :
perception, décision, action.
Nous avons recours à cette approche car les systèmes multi-agents
et les systèmes biologiques ont bon nombre de caractéristiques
communes. Citons, par exemple, la robustesse, l'émergence,
l'auto-organisation et l'adaptabilité. Nous présentons plusieurs
niveaux de modélisation multi-agents et nous décrivons plusieurs
applications dans les domaines de l'hématologie et de la
cancérologie.
En terme de démarche de modélisation, l'analogie entre un agent
et une cellule se fait naturellement. Nous parlerons alors d'agents-cellules.
La première étape dans la conception d'un agent-cellule consiste
à choisir la forme géométrique qui constituera la membrane
cellulaire. Il faut ensuite placer sur cette membrane des récepteurs qui
permettront à l'agent de percevoir l'environnement. Enfin, il est
nécessaire de définir le comportement de cet agent-cellule. Ce
comportement peut être régi de différentes manières.
Citons, par exemple, les algorithmes "classiques", les équations
différentielles, les outils de l'intelligence artificielle
(réseaux de neurones, cartes cognitives,...), ou encore les diagrammes
d'états transitions.
Lorsque le nombre d'agents devient trop important, il faut trouver un moyen
pour réduire les temps de calcul. Nous avons alors proposé la
notion d'agents-réactions, agents très proches des
réactions chimiques entre espèces moléculaires en solution
dans un milieu (réactions enzymatiques, oxydo-réduction,
dimérisation, …). Lorsque l'on désire modéliser un
phénomène complexe (cellule, organe, ...), il peut être
nécessaire de regrouper les différentes entités qui
composent un mécanisme particulier. Nous proposons pour cela d’utiliser
des agents-phénomènes qui représentent des organisations
au sens systémique.
Grâce à nos travaux, nous avons montré que la
modélisation et la simulation multi-agents peuvent intervenir dans
l'étude préliminaire de fabrication d'un médicament.
En effet, selon le type de maladie, il est possible de tester in virtuo divers
médicaments virtuels. Le pharmacologue, désirant trouver à
la fois le levier moléculaire sur lequel agir pour compenser une
insuffisance due à une maladie et estimer la dose de médicament
à injecter, pourra être fortement aidé par la simulation.
Le chercheur en biologie peut, quant à lui, utiliser
l'expérimentation in virtuo pour construire son modèle de
façon incrémentale et l'évaluer sur ordinateur, tout en
interagissant avec lui.
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